I. Principales caratéristiques

 

I. PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU MILIEU PHYSIQUE

 La Martinique est une île volcanique édifiée en plusieurs phases au sein de l’arc caraïbe, dans une zone de chevauchement des plaques atlantique et caraïbe (zone dite de subduction). Sa position médiane dans l’archipel des Petites Antilles explique la richesse et l’originalité de sa flore.

 Les sols – La roche mère est principalement constituée de roches volcaniques, tandis que des roches calcaires (3% de l’ensemble seulement)  apparaissent  à la  presqu’île de la Caravelle ainsi qu’à la pointe méridionale de l’île. Ces substrats calcaires sont occupés par une végétation naturellement spécifique (exemple de groupements forestiers). En fonction des microclimats, des degrés d’altération de la roche mère produisent des sols variés : c’est la plus grande densité mondiale sur une telle surface (environ 1 000km2), (carte pédologique simplifiée IRD/PRAM).

 Le relief  est accusé dans l’ensemble mais deux grandes zones peuvent être distinguées, séparées par la plaine du Lamentin, (carte GEODE / UAG : le relief).

– La zone méridionale est vallonnée  et constituée de petites collines («mornes») ; elle est  issue des plus anciens phénomènes volcaniques constitutifs de l’île, et  ses points culminants  sont la Montagne du Vauclin (504 m) et le Morne Larcher (478 m).
– La zone septentrionale géologiquement plus récente – hormis la Presqu’île de la Caravelle – est davantage accentuée et comporte de grands massifs montagneux : à l’extrême Nord la Montagne Pelée, tristement célèbre depuis l’éruption de 1902, domine à 1 395 m ; le Morne Jacob (883 m) ; les Pitons du Carbet (le pic le plus haut, Piton Lacroix, à 1 197 m).

 

La topographie est très accidentée : plus de la moitié de l’île présente des pentes supérieures à 20%.  Cet élément intervient dans la régulation des vents, l’écoulement des cours d’eau,  l’érosion des sols ainsi que dans l’installation et l’évolution de la végétation.

Les cours d’eau (sourcesDEAL Martinique). Le réseau hydrographique est important : 161 rivières (43 ravines) ; 70 cours d’eau principaux ont été dénombrés, dont 40 sont pérennes. Ils sont inégalement répartis, car localisés en grande majorité dans la zone septentrionale de l’île (carte IGN/ Observatoire de l’eau : les rivières). L’écoulement est plutôt  torrentiel dans l’ensemble, hormis dans les zones basses dont le relief est plus atténué et où l’écoulement est mixte. L’humidité du sol diffusée par capillarité aux abords de ces cours d’eau est un facteur primordial des microclimats de ces stations* et influence fortement la végétation rivulaire. [Station* : portion de territoire caractérisée par ses conditions topographiques, climatiques, biologiques (conditions mésologiques).]

Le climat (sources METEO FRANCE) est de type  tropical maritime (humide) ; l’île est située au milieu de la zone intertropicale Nord (14°30 N et 61°W).

  • La température moyenne annuelle est chaude (aux environs de 26°C au Lamentin) ; l’amplitude annuelle est plus faible (de 3 à 4° C) que l’amplitude journalière (aux environs de 7 °C au Lamentin). Ces moyennes annuelles sont variables, principalement en fonction de l’exposition et du relief : 26,9°C à Case Pilote ; 23,9°C au Morne Rouge.
  • L’élément le plus déterminant pour la végétation est la pluviosité, liée pour une grande part à l’altitude : en moyenne  970 mm/an à la Presqu’île de la Caravelle et 6 000 mm/ an au sommet de la Montagne Pelée (1 395 m). [10 000 mm/an en moyenne à la Soufrière en Guadeloupe (1 467 m d’altitude)]. Carte de la pluviométrie annuelle METEO FRANCE.  Les pluies, principalement orographiques, sont globalement moins abondantes dans la zone méridionale aux altitudes modestes que dans la zone septentrionale aux altitudes plus élevées. La côte atlantique Nord est davantage arrosée que la côte caraïbe, grâce aux nuages poussés par les vents alizés et déchargés sur les reliefs (effet de foehn) : 2 297,3 mm/an  en moyenne à Basse Pointe; 1 379,4 mm/an  en moyenne à Case Pilote. La végétation des zones humides est, de nos jours, globalement plus vigoureuse et plus luxuriante que celle des zones plus sèches.
  • L’ensoleillement moyen annuel global est assez élevé (aux environs de 8 h/jour au Lamentin)  avec un faible écart entre les jours courts et les jours longs. Cette disponibilité constante de l’énergie solaire joue un rôle fondamental dans la vitalité des végétaux via la photosynthèse. Cependant la nébulosité, plus importante au niveau des plus hauts sommets, tempère fortement  l’insolation (et favorise l’augmentation de l’humidité de l’air).
  • Les microclimats Le relief très accidenté, conjugué (entre autres facteurs) à l’effet du vent et à la présence de cours d’eau, induit des microclimats (et donc des habitats*) variés. A quelques dizaines de mètres d’écart, deux stations peuvent présenter des conditions de confinement, d’humidité, d’ensoleillement (et parfois même de substrat) différentes, permettant le développement de groupements végétaux spécifiques différents.

[Habitat* : lieu où vit une population ou une espèce, ainsi que l’ensemble des éléments   biotiques et abiotiques qui le caractérisent.]

Deux saisons se remarquentbien qu’elles ne soient pas toujours très nettes.

Le «carême» climatique de fin janvier à mai, caractérisé par des températures plus fraîches, des vents alizés assez forts, un ensoleillement maximal et surtout de faibles précipitations (10 à 20% du total annuel en moyenne). Le «carême» écosystémique s’étend en moyenne de fin février à fin mai. La récession pluviométrique liée au «carême» est défavorable au développement des végétaux. En particulier, les espèces dites à feuilles caduques, perdent toutes ou partie de leurs feuilles plus ou moins brusquement. Exemples : «Acajou pays» Cedrela odorata L. ; « Bois côtelette » Citharexylum spinosum L. ; «Fromager» Ceiba pentandra (L.) Gaertn.; «Gommier rouge» Bursera simaruba (L.) Sarg. ; «Poirier» Tabebuia heterophylla (DC.) Britton.

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L’ «hivernage» de juillet  à novembre inclus, caractérisé par de fortes précipitations (30 à 40% du total annuel en moyenne),  des températures maximales et des vents alizés plus faibles. C’est durant «l’hivernage»  que l’île est le plus fréquemment affectée par des dépressions et des tempêtes tropicales ou des ouragans,  avec des vents pouvant être extrêmement violents (jusqu’à 300km/h pour les ouragans), de très fortes  pluies (jusqu’à 300mm en 24h) et des raz de marées. Ces phénomènes naturels interviennent plus ou moins régulièrement ; la végétation de l’île s’est construite et a évolué avec eux.  Ces cataclysmes risquent malheureusement d’être à l’avenir plus fréquents et intenses, ainsi que  plus violents, compte tenu des effets du réchauffement climatique.

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Dans l’ensemble, la Martinique bénéficie donc de conditions bioclimatiques propices  au développement de nombreuses formes de vie. Il en résulte notamment  une flore riche et originale ainsi que des écosystèmes aussi variés que complexes, assemblés sur un petit espace.

Cependant, les contraintes de l’insularité liée à l’exiguïté du territoire (1 080 km!) font que la surface couverte par un type d’écosystème est souvent limitée, et qu’il n’existe pas de redondance pour certains milieux ; l’extraordinaire biodiversité qu’ils abritent est de ce fait extrêmement vulnérable.