II.LES ESPECES ENDEMIQUES

 

II.LES ESPECES ENDEMIQUES (octobre 2015)

Parmi les taxons autochtones, les endémiques de Martinique, les endémiques des Petites Antilles  et les endémiques du hot spot des îles des Caraïbes ont une forte valeur patrimoniale. A ce jour, près de 370 taxons sont répertoriés sur un total d’environ 1 220 plantes autochtones.

Il apparaît que certaines  mises en synonymie sont contestables. Ainsi, plusieurs taxons sélectionnés comme endémiques de Martinique (ou des Petites Antilles, ou du hot spot des îles des Caraïbes), sont mis en synonymie de taxons à plus large répartition. Ces cas complexes sont signalés dans la liste et nécessitent des vérifications.

En conséquence, le programme d’approfondissement des connaissances de la flore autochtone élaboré par le Conservatoire Botanique de Martinique donne la priorité aux taxons endémiques. Ces investigations viendront en complément des travaux déjà menés dans la Caraïbe et les Petites Antilles (Catalogue of seed  plants of the West Indies (Smithsonian Institution / National Museum of Natural History) ;

programme BioConSert  Biodiversité, Conservation, Services et Territoires (CRPLC/CNRS) ; …).

•LES ENDEMIQUES DE MARTINIQUE

Sont qualifiés d’endémiques de la Martinique les plantes qui n’existent, naturellement, que sur le territoire de la Martinique. L’histoire géologique de la Martinique et sa particularité au sein de l’arc des Petites Antilles ont favorisé l’isolement de certaines populations végétales, en particulier celles installées sur les hauteurs des édifices volcaniques. Cet isolement est à l’origine des processus de différenciation aboutissant à l’endémisme.

Lobelia conglobata Lam. , endémique des Pitons du Carbet, a été choisie comme emblème du CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE MARTINIQUE  car cette espèce illustre bien l’endémisme dans les Petites Antilles.  En effet, quatre espèces du genre Lobelia sont endémiques  de l’ensemble des Petites Antilles. Par ailleurs sept  îles abritent chacune une endémique stricte, qui n’existe donc nulle part ailleurs au monde que dans l’île considérée !

Ces taxons endémiques ont la plus haute valeur patrimoniale, et ils renforcent le caractère précieux et original de la flore de la Martinique. Il est donc primordial de les connaître précisément, de les évaluer et de les sauvegarder.

Cependant, trop de divergences existent encore à propos des endémiques de Martinique, à cause des cas complexes de dénomination et faute de données permettant de répondre aux interrogations. Le CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE MARTINIQUE s’attachera à clarifier les cas problématiques de dénomination et de synonymie / de présence dans l’île et de distribution géographique, en tenant compte des travaux cités précédemment. L’objectif est d’aboutir à une liste de référence argumentée pour les taxons endémiques de Martinique.

Quelques cas complexes                                                                                                                                            

Pouteria dussiana (Pierre) Stehlé, SAPOTACEAE. Le binôme est maintenu par ROLLET et COLL (2010) comme endémique de Martinique (basionyme Lucuma Dussiana Pierre, 1897), mais il n’est pas retenu par HOWARD (1989), ni par FOURNET (2002). Ce cas semblait trop problématique et faute d’éléments,  l’espèce n’avait pas été retenue initialement. Récemment, des observations d’individus atypiques ont été rapprochées de la description faite par URBAN (1904)  pour Lucuma dussiana  Pierre in Urban. (Jean-Pierre FIARD et COLL., publication à paraître).  Des vérifications sont en cours, mais il semblerait que Pouteria dussiana est présent en Martinique. Cet arbre ne serait cependant pas endémique de Martinique puisque une récolte de Lucuma Dussiana Pierre in Duss a été faite jadis en Guadeloupe (DUSS N°2916). Une mise au point  des populations de Pouteria présentes en Martinique et en Guadeloupe est à effectuer.

Exemples de cas problématiques de synonymie – Ces taxons correspondent à de réelles entités botaniques, indiscutablement discernables dans leur milieu. Le choix a donc été fait de maintenir les distinctions et dénominations initiales. Des descriptions complémentaires permettront de confirmer ces distinctions.                                               

 -Anthurium lanceolatum (L.) Schott, ARACEAE, [mis en synonymie d’A.acaule (Jacq.) Schott]

-Besleria coriacea Urb., GESNERIACEAE, [mis en synonymie de Besleria lanceolata Urb.]

-Byrsonima martinicensis Kr.&Urb.ex Duss, MALPIGHICEAE [la synonymie avec B.trinitensis A.Juss. est refusée]

-Myrcia martinicensis Kr.& Urb.ex Urb., MYRTACEAE [mis en synonymie avec M. fallax (Rich.) DC.]

-Polygala antillensis Chodat, POLYGALACEAE, [mis en synonymie de Polygala americana  Mill.]

Espèces connues seulement du type, et qui n’ont jamais été retrouvées par la suite – Elles sont donc à rechercher pour compléter leur description.

-Ardisia magdalenae Stehlé, MYRSINACEAE

-Comocladia martinicensis Sastre, ANACARDIACEAE

-Comocladia undulata Urb. ANACARDIACEAE

•LES ENDEMIQUES DES PETITES ANTILLES

Les plantes endémiques des Petites Antilles  sont celles dont l’aire de répartition est limitée à ce territoire et qui n’existent naturellement que dans les Petites Antilles.

Les Petites Antilles s’étendent de l’île d’Anguilla au Nord, à l’île de Grenade au Sud. Trinidad et Tobago ne font pas partie des Petites Antilles. Cependant certaines espèces ont pour centre d’origine les Petites Antilles et irradient vers Trinidad et Tobago ; il semble alors logique d’inclure ces territoires limites. Plusieurs espèces sont ainsi endémiques des Petites Antilles et de Trinidad et (ou) de Tobago et sont signalées dans la liste.

• LES ENDEMIQUES DU HOT SPOT DES ILES DES CARAIBES

Le hot spot des îles des Caraïbes comprend : les Bahamas, les Grandes Antilles, les îles Vierges, les îles Caïmans, les Petites Antilles et les Antilles néerlandaises. Les espèces endémiques du hot spot des îles des Caraïbes sont celles qui n’existent naturellement que dans ce périmètre. Cette distinction n’avait pas été prise en compte lors des premiers travaux. La sélection a été effectuée dans un second temps, à partir des distributions citées par : HOWARD (1974 – 1989) ; FOURNET (2002) ; ROLLET et COLL (2010) ; FELDMANN (2012) ; Catalogue of seed  plants of the West Indies (Smithsonian Institution / National Museum of Natural History, 2012).

Trinidad et Tobago ne font pas partie du hot spot des îles des Caraïbes. Comme précédemment, certaines espèces ont pour centre d’origine le hot spot et migrent vers ces deux îles du Sud, qui sont alors prises en compte. Les espèces endémiques du hot spot des îles des Caraïbes et de Trinidad et (ou) de Tobago, sont signalées dans la liste.