De septembre 2017 à février 2018, le CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE MARTINIQUE (CBMq ou CBMQ ) a accueilli Audrey Heyraud, stagiaire de Master 2 « Préservation et Gestion Conservatoire des Systèmes Ecologiques » à l’université Paris- Saclay. Le sujet de ce stage était la rédaction de Plans Directeurs de Conservation (PDC) pour deux espèces menacées et protégées en Martinique :
Tanaecium crucigerum Seem. [Bignonaceae] (A) et Guaiacum officinale L. [Zygophyllaceae] (B).
Un PDC est un document scientifique visant à établir un bilan des connaissances sur une espèce, mais aussi à proposer un plan d’actions à mettre en œuvre pour améliorer la situation conservatoire de l’espèce sur l’ile.
- Tanaecium crucigerum est originaire du Bassin Caribéen. Il s’agit d’une liane robuste qui servait autrefois à cercler les tonneaux de rhum, d’où son nom vernaculaire de « liane à barrique ». Elle se distingue par ses feuilles composées de 2 ou 3 folioles, ses vrilles et sa tige lenticellée. Sa fleur est blanche, tubulaire et longue d’environ 10 cm. Son fruit est une capsule d’environ 10 cm également. Il n’existe actuellement qu’une station naturelle de liane à barrique en Martinique, mais elle est également conservée au parc floral Aimé Césaire à Fort-de-France. Cette espèce est classée en danger critique d’extinction en Martinique par le « Livre rouge des plantes menacées aux Antilles Françaises » (2014). Au regard de cela, elle est protégée par Arrêté ministériel et la seule station connue fait l’objet d’un Arrêté de Protection de Biotope (APB).
- Guaiacum officinale est un petit arbre dont le bois est si dense qu’il fait partie des arbres dits « bois-de-fer». Ainsi l’espèce a largement été exploitée pour son bois, mais aussi pour ses vertus médicinales d’où lui vient son nom vernaculaire « lignum vitae » ou « bois de vie ». On le reconnait par ses feuilles composées à 3 paires de folioles dont les nervures sont orangées, son écorce desquamante et ses branches sinueuses. Sa fleur est mauve à bleu clair, et généralement en grappe terminale. Son fruit est orange vif. Originaire du Bassin Caraïbe, il n’existe actuellement plus que deux stations naturelles en Martinique, mais l’espèce est très prisée en ornement et a été plantée dans les jardins de longue date. Cette espèce est en danger critique d’extinction dans notre île et elle fait également l’objet d’un classement « en danger » à l’échelle mondiale par l’UICN. Actuellement elle est protégée par Arrêté ministériel et les stations naturelles bénéficient d’un Arrêté de Protection de Biotope (APB).
Le stage a permis de mettre en exergue le réel état d’urgence conservatoire de ces deux espèces. En effet, présentes en très petit nombre sur l’île, leur survie tient en la protection accrue des individus restants et de leur habitat. Il y a donc une forte nécessité d’engager différentes actions pour la protection et la conservation de ces espèces.
Cela se traduit par la mise en place d’actions :
- conservatoires par le biais de partenariats : collection conservatoire, renforcement de population, création de néopopulation
- de sensibilisation des différents acteurs en lien avec les espèces (propriétaires, gestionnaires, etc.)
- d’une meilleure connaissance de leur biologie et écologie : prospections de nouvelles stations, étude sur les pollinisateurs et agents de dispersion, tests de germination, technique de culture
Ces différentes actions devront être menées dans les 5 ans à venir en collaboration avec les différents acteurs de la conservation et de la gestion des milieux naturels de Martinique.